Il y a des jours ou l’on se dit qu’on a tout entendu, qu’on a défini les limites de la musique qu’on écoute, qu’on ne pourra pas aller plus loin et qu’on ne pourra plus approfondir, on est toujours curieux mais un peu blasé. Et puis, BAM, on tombe sur un album qui redéfini les limites, qui change totalement la vision d’une partie de la musique, un album qui pousse l’auditeur à se remettre en question. C’est exactement ce qui m’est arrivé quand j’ai mis pour la première fois dans mon lecteur cd l’album de Steely Dan. Je ne connaissais pas ce groupe, mais j’en avais entendu parler, oui, surtout de cet album, AJA, comme d’un album culte, et c’est donc à l’aveuglette que je me suis précipité sur ce cd quand je l’ai vu à ma médiathèque, me disant “la, tu fais LE bon choix”.


Dès les premières secondes, ça m’a PRIS comme on dit, et c’est tout un monde de possibilités qui s’est ouvert devant moi, subitement. Je ne pensais pas que ce serait possible, mais si, c’était la, ça tournait sur la platine, ça résonnait dans ma chambre calme, ça vibrait dans mes tympans médusés, et ça me changeait. Car oui, désormais, je suis un homme nouveau dans un univers renouvellé, et quand on me demandera à partir de maintenant de citer un groupe de MERDE je pourrais balancer DIRECTEMENT le nom de STEELY DAN. EN UN INSTANT, l’idée de l’horreur en MUSIQUE à pris un nouveau SENS et cela pour la première fois depuis mon dernier explosions in the sky ou mon dernier tool.


Non mais soyons serieux un instant, et oublions même le fait que ce groupe soit un groupe de, ouh la la, FUSION, le genre le plus insupportable au monde avec le REGGAE et le METAL PROGRESSIF. Reprenons le truc du début et recontextualisons voulez-vous? Nous sommes en 1977, la plus part des baby boomers vont avoir ou ont la TRENTAINE qui grossi et la jeunesse qui se TASSE, la plus part sont devenus des gens un peu plus respectables et propres, certains ont encore la moustache mais ils se sont coupés les cheveux, ils ont pour certains une jolie maison. Ils ont commencés à devenir gentiment chiants quand ils ont achetés leurs premiers albums de Yes ou de Pink Floyd, mais ils étaient encore un peu tripés, ils vieillissaient difficilement oui, voila, on dira ça comme ça. Mais en 1977, c’est fini, ils sont mariés, ils sont bien plus sages, ils se sont achetés une GROSSE CHAINE HI-FI avec plusieurs speakers qu’ils ont dispatchés dans leur “living-room” et ils commencent même à écouter un peu de jazz. Après les longues journées de travail au bureau, ils aiment se détendre, se relaxer, se prélasser dans un magnifique canapé 100% CUIR qu’ils ont achetés pour quand ils reçoivent des amis. Et quoi de mieux pour ces situations la que d’écouter de la musique d’adulte pour eux qui le sont fraichement devenus? De la musique propre, un peu virtuose (“hé! ces mecs LA jouent VRAIMENT BIEN, ils sont même vraiment super BALAIZES”), avec quelques petits solos parfois, et une ambiance entre le rock de leur 20 ans et le jazz de leur 40.


ET LA NOUS Y SOMMES, ils écoutent du STEELY DAN, un groupe super cool, qu’on écoute trop posé en lisant des hebdomadaires, un groupe composé lui aussi de futurs TRENTENAIRES très très sympas. OH LA LA oui oui, écoutez ça : Une production soignée, plus propre qu’une opération de l’appendicite, des suites d’accords un peu JAZZY avec des accords en SEPTIEME MINEUR (hmm, çaaa, ça c’est cool) joués par des guitares avec un son super et puis des choeurs féminins un peu métissés SOUL MUSIC qui font “i can’t cryyyy anyymooorreee”. Et puis les musiciens, tous excellents, avec des cuivres vachement bien fait et puis des PETITS SOLOS de SAXOPHONE qui sont le summum du cool, quand t’écoutes ça tu te dis “c’est ça la musique” et oh la la, ça groove, ça met une ambiance de fin de soirée dans ton domicile qui n’en demandait pas TANT. Et puis y’a des petits claviers et des PIANO ELECTRIQUES super en avance pour l’époque et qui sonnent assez géniaux, c’est vrai quoi, t’entend ça, c’est le son DU FUTUR, NOUS SOMMES EN 1977 ET WOO, le FUTUR c’est DANS 3 ANS, et tu écoutes ça sur ta haute fidélité et tu as soudain une richesse de production qui te pète à la gueule et tu adores ça, et tu en ressort en te disant que c’est vraiment chouette et tu te dis que c’est quand même un peu de la musique d’INTELLO la musique de Steely Dan quand même vu que c’est inspiré de musique JAZZ – synonyme de musique complexe et serieuse, toujours – mais peu importe, tu es un peu intello toi même au fond n’est ce pas? Sur I Got the News, woo, ce petit piano la, bam bam, ce rythme syncopé, et puis ce chanteur à la voix angélique. NOOOON, on a pas l’impression d’écouter de la soupe du tout puisque le reste du temps on écoutes du Supertramp ou Toto, non non, on est juste frappé par la subtilité du machin et puis sur le solo, c’est juste franchement prodigieux, on a pas entendu ça depuis le dernier Santana, ah non, ça envoie le bois, la, vraiment oh la la oui.


Sauf que voila, réveillons nous, nous sommes en 2008, et cet album est un véritable scandale de SOUPE. Claviers insupportables qui font des petits solos, on se croirait bloqué dans un ascenseur dans le plus grand immeuble du monde, on se demande quand ça va finir, et ça ne finit juste jamais pendant 40 minutes qui semblent être un mois entier passé en Sibérie. Les voix sont encore plus insipides que des choeurs des Bee Gees période disco, les morceaux sont un grand vite intersidéral qui sonne P(R)OP(RE) ROCK FM QUI TACHE, le son des guitares est à se trancher la jugulaire etc. Sur AJA, pour faire raccord avec les paroles (“Chinese music always sets me free”, attention attention, ils sont CORROSIFS et y’a de l’humour à FROID sur cet album, si si, tout les fans vous le diront) et la pochette, y’a un petit break de musique un peu asiatique assez hilarant, et c’est d’ailleurs le lot de tout l’album d’être tellement LAID qu’il en devient drôle, on s’attend, à tout moment, à voir sortir Frank Zappa avec une grosse blague sexuelle pour nous montrer que NON tout ça c’est pour rire. Et puis non, le sang disparaît de notre visage, sueurs froides, ils sont SERIEUX BON SANG DE ZUT, ces gens la osent totalement faire pour de vrai une musique affreuse qu’on ne pourrait entendre de nos jours que dans des documentaires sur les années 70 ou dans la b.o. de sim city, et des gens adorent cet ALBUM et cet album a été vendu à 20 MILLIONS D’EXEMPLAIRES DANS LE MONDE, le total de ce que l’album de suicide sorti la même année vendra en 30 siècles. C’est en écoutant ce genre d’album qu’on en arrive à dire du bien d’un groupe aussi quelconque que les Sex Pistols, sérieusement. Non mais regardez tout simplement le genre donné pour parler de cet album sur rate your music : Adult Contemporary. ADULT. Si ce n’est pas le genre le plus con et le plus déprimant au monde, je sais plus ce qu’il vous faut. Pour aimer cet album, il faut donc sans doute devenir vieux. Dur. Les mecs qui aiment l’album, faites attention, vous êtes déjà passé à l’âge mur, qui précède l’âge pourri.


Y’a pas de temps fort, y’a pas de bons PASSAGES (oui, parce que quand on écoute cet album, on aime bien parler en passages et dire “ah oui le SOLO DE GUITARE dans UNTEL morceau est GENIAL”), y’a rien de bien, y’a rien du tout, c’est un couteau sans lame auquel manque le manche, c’est juste un sommet de musique chiante et inutile qui pousse n’importe quel être humain a l’agonie, un sommet de ce qu’on a fait de pire dans les années 70, et pourtant, on en a fait des conneries pendant cette période la.


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0,5/20


(en postant mon truc, je me suis rendu compte que j’avais fais diminué la note de cet album d’un centième. je suis content de moi. j’espère que cette remarque vous a fait renverser votre tasse de thé.)